La basketteuse de Montpellier et de l’équipe de France, âgée de 29 ans, est l’une des grandes ambassadrices de la Seine-Saint-Denis.
Voici l’interview vidéo réalisée le 12 mai 2020 par Nedgie Le Meur et Melissa Nerakhom-Nomichit:
Diandra Tchatchouang est née à Villepinte et a grandi à La Courneuve et c’est avec sa sœur qu’elle s’est inscrite au basket, toute jeune. A 12 ans, elle a intégré le Pôle espoirs de l’Île-de-France avant de poursuivre à l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance).
Après l’obtention de son bac, la basketteuse s’est envolée pour les Etats-Unis et l’Université du Maryland, où elle a pu suivre des études de sciences politiques tout en évoluant avec l’équipe de basket de l’université. Elle nous raconte ainsi cette expérience «humaine vraiment riche».
L’ailière de 29 ans a ensuite évolué en France et a été sacrée championne de France à deux reprises avec Bourges, en 2015 et 2018, avant de joindre le club de Lattes-Montpellier. Cadre de l’équipe de France, elle a été finaliste de l’EuroBasket féminin en 2013, 2015 et 2017. Elle arbore fièrement son maillot floqué du numéro 93.
Diandra Tchatchouang est très engagée. Elle a créé une association de soutien scolaire à La Courneuve (Study Hall) et organise des sessions de basket auprès des jeunes filles (Take Your Shot). Elle a également lancé un podcast (Super Humains) afin d’évoquer des sujets de société.
Durant le confinement, elle a organisé l’opération «À vos masques citoyens» en fabriquant et en livrant des masques pour les personnels soignants en Seine-Saint-Denis. Elle a ensuite participé aux manifestations organisées à Montpellier contre les violences policières.
Nous remercions le club de Lattes-Montpellier et l’agence Com’Over, qui gère la carrière de Diandra Tchatchouang, pour nous avoir aidées dans ce projet d’interview.
Champion d’Europe Espoirs de 400 m en 2015, l’athlète de 25 ans nous raconte ses débuts et ses nouveaux objectifs, avec les Jeux Olympiques 2024 à Paris en ligne de mire.
Voici l’interview vidéo réalisée le 4 juin 2020 par Mélia Calixte et Eva Gentili:
Natif de Noisy-le-Sec, Thomas Jordier se présente comme «un pur produit du 93» puisqu’il a vécu à Livry-Gargan, La Courneuve et Clichy-sous-Bois et a découvert l’athlétisme au club du Tremblay AC, où vivaient ses grands-parents.
Thomas Jordier est un spécialiste du 400 m. Le 400 mètres consiste à parcourir le plus vite possible un tour complet de la piste d’athlétisme. En salle, l’épreuve consiste à parcourir deux fois le tour de la piste.
Très rapidement après ses débuts, il a fini sur un podium lors des Championnats du monde U18 en 2011 avant d’être sacré en 4 × 400 m aux Championnats d’Europe par équipes, en 2014 à Brunswick (Allemagne), avec l’équipe de France. En 2015, il a confirmé tout son potentiel en décrochant la médaille d’or lors des Championnats d’Europe U23 à Tallinn (Estonie).
A 25 ans, Thomas Jordier fait tout son possible pour être l’un des meilleurs de sa catégorie. Il a justement fini 3ème aux Championnats d’Europe en salle à Glasgow l’an dernier. Il fera tout pour bien figurer lors des prochaines compétitions et lors des Jeux Olympiques reportés à l’an prochain.
Financièrement, Thomas Jordier est soutenu par son équipementier, New Balance. Dans l’interview, il nous explique comment il est rémunéré par la marque de sport. Son souhait est d’être le plus performant possible pour les JO de 2024 à Paris, alors qu’il aura 30 ans.
Nous l’avons senti soucieux de raconter sa vie de sportif de haut niveau et même trouvé très amusant. Il nous a ainsi avoué, tout sourire, qu’il avait grossi durant le confinement ! C’est au mois de septembre, lors du début de la saison d’athlétisme, qu’il fixera ses objectifs 2021.
A 20 ans, elle est la jeune vedette de la boxe française et veut tout faire pour briller lors des Jeux Olympiques de 2024 à Paris.
Voici l’interview vidéo réalisée le 29 mai 2020 par Sajeel Ahmed et Ayoub Ouzzane:
Fatia Benmessahel est originaire de Rosny-sous-Bois et, après avoir joué au football et au handball, a découvert la boxe avec son oncle. Elle a fait ses gammes au Noble Art de Rosny, le club de boxe de la ville, et a depuis été sacrée championne de France juniors à deux reprises et championne d’Europe juniors en 2017.
Dans l’interview qu’elle nous a donnée, elle raconte la réaction de sa famille lorsqu’elle a décidé de suivre son frère à la salle de boxe, il y a 6 ans.
Fatia Benmessahel fait désormais partie de l’équipe de France de boxe anglaise et va participer aux prochaines grandes compétitions pour devenir l’une des meilleures boxeuses du monde avec pour ambition de remporter la médaille d’or de sa catégorie lors des Jeux Olympiques de 2024 qui se dérouleront à Paris.
La jeune femme de 20 ans, après un bac S mention bien, est désormais en 3e année d’école d’ingénieur à l’ESIEE Paris. Son école lui a laissée l’opportunité de participer aux compétitions de boxe. Après les Jeux en 2024, elle compte d’ailleurs rentrer dans la vie active.
Fatia Benmessahel nous raconte donc son quotidien, entre préparation physique matinale, cours à l’école d’ingénieur et entraînement au club de boxe en soirée. Elle fait des sacrifices pour rester focalisée sur son objectif en or.
Le jeune milieu de terrain de Strasbourg et de l’équipe de France Espoirs veut continuer à progresser lors de sa 5e saison en professionnel. A 22 ans, il est promis à un bel avenir.
Voici l’interview vidéo réalisée le 14 mai 2020 par Ilias Mitic-Vukojicic et Luka Stanisavljevic:
Nombreux sont les footballeurs professionnels originaires du 93. Jeanricner Bellegarde, lui, a grandi à Villetaneuse, où il a débuté le football. Repéré par Le Mans, il a ensuite intégré le centre de formation de Lens. Après avoir débuté en Ligue 2, il a découvert la Ligue 1 sous le maillot de Strasbourg.
Le milieu de terrain de 22 ans nous raconte ainsi son départ à 14 ans dans un centre de formation puis la découverte d’un club emblématique comme le RC Lens. Il est «très fier» d’avoir réussi à devenir joueur professionnel chez les Sang et Or.
Le jeune footballeur, que certains comparent à N’Golo Kanté en raison de son physique (1,70 m), évoque ses rêves de Ligue des champions et d’équipe de France, mais aussi de championnat d’Angleterre.
En pleine progression avec Strasbourg, où le public est bouillant, Jeanricner Bellegarde, international espoir depuis deux ans, pourrait représenter la France lors du tournoi de football des Jeux Olympiques, l’an prochain à Tokyo.
Nous avons contacté le service communication du Racing Club de Strasbourg au début du confinement et le directeur de la communication nous a grandement aidés à contacter Jeanricner Bellegarde.
Après s’être entretenu physiquement chez lui durant le confinement, celui que l’on surnomme « Jean-Jean » ou « JR » a repris l’entraînement avec le club alsacien le lundi 29 juin. La Ligue 1 reprendra le 22 août et les Strasbourgeois tenteront de faire mieux que leur 10e place de la saison dernière.
L’ancien attaquant de l’équipe de France est désormais l’un des dirigeants du Red Star et nous explique le développement du club basé à Saint-Ouen, qui évolue en 3e division française.
Voici l’interview réalisée le 7 mai 2020 par Narssice Ikoko et Kévin Thomas:
Steve Marlet est né à Pithiviers, dans le Loiret, un département situé au sud de l’Île-de-France. Durant son adolescence, il s’installe à Saint-Germain-en-Laye avant d’entrer au centre de formation du Red Star, à Saint-Ouen, à l’ouest de Saint-Denis.
Attaquant agile, Steve Marlet se révèle à l’AJ Auxerre, de 1996 à 2000, avant d’évoluer à l’Olympique Lyonnais, à Fulham, en Premier League, et à l’Olympique de Marseille, avec qui il dispute la finale de la Coupe de l’UEFA en 2004.
En équipe de France, il a disputé 23 matches de 2000 à 2004 et a inscrit 6 buts. Il a ainsi remporté la Coupe des confédérations à deux reprises, en 2001 et 2003. Il a donc évolué avec les champions du monde 98 Zinédine Zidane, Thierry Henry, Patrick Vieira ou Fabien Barthez.
A la fin de sa carrière, il évolue en amateurs au FCM Aubervilliers puis au Red Star et passe ses diplômes d’entraîneur. Il a été entraîneur adjoint du Red Star, avant de devenir directeur sportif du club de Saint-Ouen et désormais conseiller du président.
Le Red Star est l’un des clubs historiques du football français, puisqu’il a été fondé en 1897, à Paris, par Jules Rimet, qui est également le créateur de la Coupe du monde. A l’époque, le Red Star souhaitait rendre accessible la pratique du sport à toutes les classes sociales.
Red Star veut dire «étoile rouge» en anglais, mais pourquoi ce nom de club ? Jules Rimet a un jour expliqué qu’il s’agissait d’un hommage à sa gouvernante anglaise, qui avait pris la compagnie de bateaux Red Star Line pour venir en France.
Le Red Star a notamment remporté la Coupe de France à 5 reprises (1921, 1922, 1923, 1928 et 1942).
Dans cette interview, Steve Marlet nous évoque la situation du Red Star, qui évolue en 3e division française et qui luttait pour la montée en Ligue 2 avant la crise sanitaire. Les dirigeants du club sont optimistes pour l’avenir du club.
Steve Marlet nous explique ainsi de quelle manière le Red Star peut grandir aux côtés du Paris Saint-Germain pour devenir le 2e club de la capitale française. Les deux clubs entretiennent de bonnes relations actuellement.
En tant que conseiller du président, il s’occupe notamment des projets de restructuration du club, avec la rénovation du stade et la création d’un centre de formation à La Courneuve. Il nous explique comment le club repère les jeunes footballeurs du 93 et de la région parisienne.
Le Red Star nous a rapidement ouvert ses portes. Le club de Saint-Ouen est très actif dans le milieu associatif dans le département de la Seine-Saint-Denis. Le Red Star Lab organise des expositions artistiques aux Magasins généraux, à Pantin.
A 20 ans, elle est vice-capitaine de l’AC Bobigny 93 et a évolué en équipe de France Espoirs l’an dernier. Interview avec cette prometteuse joueuse de rugby qui est également étudiante à la fac de Nanterre.
Nous avons choisi d’interviewer une joueuse de l’AC Bobigny 93 Rugby puisque ce club évolue, depuis 2012, dans le championnat de France de première division de rugby à XV, nommée Élite 1. Les Louves réalisaient une belle saison avant la crise sanitaire, puisqu’elles étaient classées 3e de la poule 2. Malgré son jeune âge, Khoudedia Cissokho est l’une des leaders de l’équipe.
Cet entretien a été réalisé le 11 juin 2020 par Victoire Batista Silva et Sila Dondu:
Khouddedia, est-ce que vous pouvez vous présenter ? «Je m’appelle Khouddedia Cissokho, j’ai 20 ans, je joue à l’AC Bobigny 93 et je suis également étudiante à la fac de Nanterre en Langues étrangères appliquées.»
Est-ce que vous vous rappelez de la première fois que vous avez entendu parler du rugby ? «Oui, c’était par mon meilleur ami, qui faisait du rugby quand on était plus jeunes.»
Est-ce que vous pouvez nous raconter la suite de votre parcours dans le rugby ? «Alors, je me suis rendue à deux entraînements pour tester. C’était en primaire, en CM1, je crois. Après, je n’y suis pas retournée, parce que mes parents préféraient que je me concentre sur l’école. Et, quand je suis rentrée au collège, je m’étais inscrite à l’UNSS dans plusieurs sports et dans le rugby. Vu que les entraînements de rugby se passaient au club de Sarcelles qui était à côté du collège, un des entraîneurs de Sarcelles m’a demandé de revenir au club. C’est là que j’ai recommencé à en faire et que je suis partie après.»
Est-ce qu’il est facile de pratiquer le rugby pour une femme en région parisienne ? «Maintenant, il y a énormément de clubs dans quasiment toutes les villes donc je dirais que oui.»
Est-ce que pratiquer le rugby pour une fille reste mal perçu ? «Ça commence à évoluer. Les gens commencent à se faire à l’idée que le rugby n’est pas un sport que de garçons. Mais j’ai déjà subi quelques moqueries, entre guillemets, parce que je faisais du rugby.»
Quel genre de réflexions avez-vous pu recevoir ? « »C’est un sport de garçons ! » ou « t’es trop musclée, on dirait un garçon ! », ce genre de choses.»
Comment gérez-vous la pratique du rugby avec les études ? «Au début, quand j’étais au lycée, j’ai eu la chance d’être dans le centre d’entraînement de Brétigny. J’étais à l’internat et on avait des entraînements, notre emploi du temps était programmé autour du rugby, donc c’était plutôt très bien géré. Ensuite, quand je suis arrivée à la fac, c’était un peu plus compliqué parce que j’étais à la fac de Nanterre et que ce n’est pas à côté de mon club de Bobigny, donc c’était un peu compliqué de leur expliquer ma situation. On a réussi à adapter mes partiels en fonction de mes présences et de mes absences. Au départ, c’est compliqué, mais une fois que tu as une bonne organisation, ça se passe bien, même si c’est un peu dur.»
Comment ça se passe avec le club de Bobigny ? «On a repris les entraînements progressivement depuis le déconfinement donc ça va, ça se passe bien.»
On dit qu’être sportif de haut niveau demande beaucoup de sacrifices. Est-ce que vous le ressentez ? «Pour l’instant, je ne regrette pas les choix que j’ai faits. Mais c’est vrai que ça demande énormément d’efforts et donc beaucoup de choix à faire.»
Qu’est-ce que vous apporte le rugby dans la vie de tous les jours ? «Cela m’apporte plus de sérénité, plus de confiance en moi. Ça me fait beaucoup de bien de faire du rugby.»
On parle des valeurs de l’ovalie. Quelles sont les valeurs du rugby ? «C’est un sport d’équipe, il y a énormément de cohésion, de fraternité, de fair-play et c’est ce que je trouve très beau dans ce sport.»
Vous rappelez vous de votre première convocation en équipe de France de jeunes ? Oui, je ne vais pas l’oublier comme ça ! J’étais alors au pôle France et il y avait un championnat d’Europe de rugby à 7 pour les moins de 18 ans et un des coaches est venu me chercher pour me dire qu’il y avait une blessée et que je devais la remplacer. Sur le moment, j’étais énormément surprise parce que j’étais pas vraiment profilée pour faire du rugby à 7. J’étais énormément surprise, mais très, très contente !
Quelles sont vos prochaines échéances en équipe de France ? «Me concernant, je ne sais pas. Je n’ai pas encore été appelée. Aujourd’hui, j’ai fini les catégories jeunes. La prochaine fois que je suis appelée, c’est dans la grande équipe, et pour l’instant, je n’ai pas de nouvelles.»
Le rugby féminin mérite d’être plus médiatisé et plus populaire
Est-ce que les joueuses de rugby peuvent être aussi populaires que les joueurs de rugby ? «Actuellement, non, parce que le rugby masculin a un énorme temps d’avance en termes de médiatisation, donc c’est assez compliqué de rattraper ce retard. Il y a de plus en plus de joueuses qui sont connues et qui sont assez médiatisées. Mais pour être au même niveau que les hommes, pour l’instant, c’est un peu loin.»
Quelles sont les différences entre le rugby masculin et le rugby féminin ? «On joue le même rugby. Chez les garçons, je dirais que ça va plus vite. Les impacts ne sont pas les mêmes. Sinon, ça reste le même rugby et les mêmes règles. Il n’y a pas de règles différentes parce qu’on est des filles. Il y a des différences physiques, seulement.»
Est-ce que le rugby féminin mérite d’être plus médiatisé ? «Oui, bien sûr ! C’est un sport qui commence à être énormément pratiqué par de nombreuses filles. Au vu des résultats des équipes de France, oui, le rugby féminin mérite d’être plus médiatisé et plus populaire.»
Quels sont vos prochains objectifs en tant que joueuse de rugby ? «J’ai envie de démarrer la saison au mieux avec mon club, l’AC Bobigny 93, et de faire une meilleure saison, tout simplement !»
Françoise Ducos est professeure de flûte traversière au Conservatoire de Bondy et a ainsi été l’enseignante de Kylian Mbappé pendant plusieurs années. Elle garde des souvenirs amusés du petit footballeur devenu grand.
Cette interview vidéo a été réalisée le 22 mai 2020 par Maryam Rabhi et Alyssa Manouvrier:
Avant d’être LE grand prodige du football français qui a remporté la Coupe du monde 2018 en Russie avec la sélection de Didier Deschamps, Kylian Mbappé, plus petit, était un surdoué. Celui qui a grandi à Bondy a toujours joué au foot, puisque son père, Wilfried, est un ancien footballeur devenu entraîneur de jeunes.
Mais sa mère, Fayza, qui a été handballeuse de D1, lui a fait découvrir des activités artistiques comme le théâtre et surtout la musique. Il a donc été inscrit au conservatoire de Bondy dès l’âge de 6 ans ! Ce n’est qu’à son entrée au centre de pré-formation de l’INF Clairefontaine, à 13 ans, qu’il a mis la pratique de la musique de côté.
La flûtiste Françoise Ducos, diplômée du Conservatoire de musique de Lyon, est enseignante au Conservatoire de Bondy. C’est avec elle que Kylian a appris la flûte traversière à partir de l’âge de 8 ans. Elle en garde des souvenirs mémorables.
«Il a participé à des auditions, à des concerts-chorales. Il aimait bien chanter aussi, il aimait bien être en groupe. C’est un petit garçon qui aimait déjà bien le côté challenge !», se souvient-elle dans l’interview que nous avons réalisée.
A 26 ans, le rugbyman Yacouba Camara est l’un des meilleurs représentants de la Seine-Saint-Denis dans le monde du sport français. Il nous raconte son superbe parcours, de l’AC Bobigny au XV de France en passant par le Stade Toulousain.
Nous avions contacté le club du Montpellier HR avant la crise sanitaire et Yacouba Camara, tout sourire, a répondu à nos questions quelques jours après la fin du confinement, depuis son jardin. Il venait de reprendre l’entraînement avec son club héraultais.
Voici l’interview réalisée le 9 juin 2020 par Alexandre Batista Silva et Théo Guidet:
Yacouba, comment es-tu tombé dans le rugby ? On imagine que tout le monde jouait au football… C’est que j’avais déjà un gabarit plutôt imposant (rires). Je pense que je n’aurais pas fait carrière dans le foot avec ce gabarit. J’ai découvert le rugby par l’intermédiaire d’une personne qui est venue au collège pour nous présenter ce sport. J’ai tout de suite accroché ! C’est vrai, un jeune banlieusard du 93 va davantage se tourner vers le foot, la boxe, le handball, mais il faut savoir que le rugby est de plus en plus pratiqué dans les banlieues. On est bien représenté, il y a Sekou Macalou, Gabriel N’Gandebe, les joueuses de Bobigny. Le rugby commence à toucher les banlieues et c’est joli à voir !
Les règles du rugby sont-elles difficiles à comprendre ? Oui, un peu. Le rugby est un sport compliqué à comprendre car il y a beaucoup de règles et même des choses qui changent d’ailleurs. Le rugby évolue tous les ans, avec de nouvelles procédures qui apparaissent. Ça rend le rugby complexe, oui, mais il s’agit d’un sport que l’on apprécie vraiment lorsqu’on a compris les règles.
Après avoir fait tes débuts à l’AC Bobigny, tu as intégré le centre de formation de Massy, à 15 ans. Raconte-nous. Alors, Massy, c’est un tremplin pour les joueurs de rugby de l’Île-de-France, c’est un accès au haut niveau. Quand je suis arrivé au centre, j’ai compris ce que je voulais faire dans la vie. Le rugby, soit tu y joues pour t’amuser avec tes copains, soit tu en fais ton métier. Il y a un dilemme, des choix à faire. Je savais à ce moment-là que ça allait être mon métier et que le plus dur commençait. Ce n’est pas comme quand j’allais jouer au football dans la cité.
Tu as rapidement quitté Massy pour Toulouse, l’un des plus grands clubs français. A ce moment-là, j’ai quitté le centre de formation car j’avais besoin de progresser encore afin d’arriver au plus haut niveau. Massy était en Pro D2 et, personnellement, je pensais avoir le potentiel pour jouer au haut niveau. Je suis arrivé à Toulouse et cela a été incroyable. J’y ai joué durant 4 saisons !
Qu’est-ce qui t’a marqué en arrivant à Toulouse ? C’est très différent ! D’abord, il y a le temps. On sait bien la météo à Paris est difficile. Le Sud-Ouest, c’est le soleil, avec des gens qui n’ont pas de pression, qui sont très ouverts. A Paris, les gens viennent travailler et n’ont pas le temps. A Toulouse, la gentillesse des Toulousains m’a marqué d’entrée. C’était difficile au début, car j’ai connu beaucoup de changements en peu de temps. J’ai eu de la chance d’avoir des gens qui m’ont beaucoup aidé au club, notamment Yannick Nyanga et Thierry Dusautoir, qui m’ont permis d’être intégré au groupe, à cette famille. Cela m’a permis d’être meilleur physiquement et mentalement. Je me suis senti chez moi. Toulouse, c’est une famille, l’un des plus grands clubs de France, si ce n’est le plus grand. J’ai ce regret de n’avoir rien gagné avec Toulouse, mais cela n’est que partie remise.
Tu évolues désormais à Montpellier, as-tu un plan de carrière ? J’ai signé en 2017 au MHR. On évolue dans le meilleur championnat du monde. En termes de rugby et de qualité de vie, tu ne trouveras pas meilleur ailleurs. Je me sens bien, j’ai ma famille, j’aimerais bien y rester un moment. Même si on sait que, pour les sportifs, la situation peut vite changer.
«Dans les autres sports, on ne t’offre pas ça»
On parle des valeurs de l’ovalie. Qu’est-ce que le rugby t’a apporté dans la vie ? C’est vrai que le monde du rugby est très, très particulier. C’est un sport qui demande beaucoup de droiture, de respect, de solidarité. Dès mon arrivée à Bobigny, cela m’a étonné. J’étais un jeune un peu fougueux. Quand les entraîneurs ont commencé à nous parler de respect et de solidarité, à nous présenter les bases de ce sport, j’ai accroché tout de suite. Au final, le rugby te permet d’être meilleur sportivement et de devenir quelqu’un. Toutes les choses que le rugby t’apportent, tu les retrouves dans ta vie de tous les jours.
Pourquoi conseillerais-tu aux jeunes de pratiquer le rugby ? Tout d’abord, humainement, c’est incroyable. Il y a de vraies valeurs, c’est très particulier, très bénéfique dans ton développement personnel. Dans les autres sports, on ne t’offre pas ça. Sportivement, c’est comme une formation de militaire. Le rugby tel qu’il est, c’est se faire mal, pour soi et ses copains, s’encourager, s’entraider, aller au duel avec les adversaires. C’est vraiment un sport qui nous rend plus fort.
As-tu subi du racisme dans le rugby ? J’en subi des propos racistes, oui, mais pas depuis que je suis professionnel, cela n’a jamais été le cas. Quand j’étais jeune et que l’on allait jouer dans des endroits un peu reculés, j’ai entendu des remarques racistes, peut-être deux ou trois fois. Mais en top 14, il n’y a pas ce genre de choses. D’autant que la ligue ne rigolera pas avec ça.
Au final, est-ce que le rugby est plus accueillant que le foot ? C’est difficile à dire, mais le rugby, c’est aussi un sport de fête, car le rugbyman aime faire la fête. Je ne sais pas si le rugby est plus accueillant, mais ce qui est sûr, c’est que tout le monde fera en sorte de bien t’intégrer à la famille du rugby.
Quel genre de fêtes ? La plupart du temps, on se retrouve chez les amis quand on a besoin de se lâcher. Mais on a souvent besoin de se reposer car la saison est longue.
Pour revenir au rugby, peux-tu nous expliquer ton poste ? Mon poste, c’est 3ème ligne. Il est double, c’est numéro 6 ou numéro 7. En football, on parlerait de libéro. C’est un joueur un peu libre, qui fait la transition entre les avants et les trois-quarts et qui est un peu partout sur le terrain. C’est un joueur qui court beaucoup, qui est plaqueur, gratteur. C’est le couteau suisse de l’équipe, le joueur qui permet de faire le lien entre tous. On saute dans la touche, on pousse en mêlée, on fait un peu tout. J’ai énormément de duels à jouer, je suis assez exposé.
Est-ce que tu tiens le coup physiquement ? Je tiens toujours le coup ! J’ai 26 ans et je dois en profiter un maximum ces prochaines années car une carrière de rugby est courte, précaire. Avec les blessures qui peuvent arriver, un joueur est à la retraite à 35 ans, généralement.
Et mentalement ? C’est vrai que c’est un sport qui demande beaucoup d’investissement. Il faut se remettre en question constamment, même si tous les sportifs doivent se remettre en question pour progresser une fois le haut niveau atteint.
Tu comptes 17 sélections en équipe de France. Peux-tu nous parler de ce que représente cette expérience internationale ? Le sentiment, c’est que c’est quelque chose que tout sportif rêve d’atteindre. Le fait de représenter son pays, de se battre pour son pays, c’est aussi une énorme fierté pour toutes les personnes qui t’ont entraîné depuis tout jeune. C’est le Graal, l’aboutissement. Mais le plus dur, c’est d’y rester. Je vais tout faire pour faire partie des prochaines sélections. La France est une nation forte qui a eu des difficultés ces dernières années, alors on se doit de redorer le blason et de remettre la France au plus au haut niveau, sachant qu’il y a la Coupe du monde 2024 qui se déroulera en France. J’espère que l’équipe de France sera au top.
«J’ai envie de me battre pour des gens dans le besoin»
Un joueur de rugby gagne-t-il suffisamment d’argent ? Oui, un joueur de Top 14 gagne bien sa vie. Après, les contrats sont différents, mais, en général, un joueur du championnat de France est bien rémunéré et les salaires évoluent au fil du temps. On ne se rapprochera pas de ce qui se fait au foot, mais les salaires sont confortables.
Que feras-tu après ta carrière ? C’est vrai, il faut se poser la question très rapidement et préparer l’après-carrière. Personnellement, j’ai en tête de faire de l’associatif. Cela m’intéresse. J’ai envie de me battre pour des gens dans le besoin, des personnes démunies. Je me tournerai vers ça, ici dans le sud ou dans le 93 évidemment. J’essayerai d’aider.
Es-tu connu dans le 93 ? D’où je viens, oui. Je suis né à Aubervilliers et j’ai grandi à La Courneuve avant de débuter le rugby à Bobigny. Je suis dans un monde un peu particulier, j’ai une image positive à donner du 93 et une image positive à envoyer aux jeunes. Je dois me montrer exemplaire et j’espère qu’il y aura toujours plus de jeunes de banlieue qui joueront au rugby. J’ai déjà participé à des événements afin de présenter le rugby. Je le referai avec plaisir. J’ai cette mission: parler des valeurs de ce sport et permettre à certains d’entrer dans le monde du rugby afin d’y tracer leur propre chemin.